RBO n°48 – juin 2023

RBO est un journal paroissial diffusé auprès des membres de la communauté de l'Eglise Réformée de Roanne. Nous n'en publions ici que quelques extraits.

Le mot de la pasteure

Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté toute l’œuvre que lui-même avait créée par son action.

(Gn2, 3)

Voici qu’après une année scolaire souvent bien chargée, nous entrons dans ce temps béni de l’été, avec pour beaucoup des moments de congés, des moments de détente, des rêves d’autre chose, des soifs de nature…. Pourtant si, dès la Genèse, la Bible prévoit un temps de repos sacralisé, répondant à un besoin profond de l’humanité, force est de constater que, dans nos sociétés, le respecter est un combat permanent.

Le jour de repos hebdomadaire existe dans presque toutes les civilisations, dès l’antiquité. Mais en France, il n’est un droit pour tous inscrit à la législation du travail que depuis 1906. Cet article de loi stipulait en outre que ce jour serait le dimanche. Aujourd’hui, force est de constater que ce droit est régulièrement « rogné », avec de plus en plus d’ouvertures de commerces, d’usines ou autres services.

Les congés payés pour tous sont apparus en France en 1936, suite à une longue lutte des travailleurs. Mais il est des pays où ce droit n’existe pas encore. Ou bien, s’il existe, il est « de bon ton » d’en faire cadeau, au moins en partie, à l’employeur, sous peine de voir sa carrière entravée.

Mais il y a d’autres facteurs sociaux qui limitent les bienfaits de ce temps sabbatique hebdomadaire ou annuel. En particulier, une sorte d’injonction à rentabiliser son temps, à l’occuper à des choses utiles, édifiantes… Bref, même en repos, il y a obligation tacite de résultat : il faut voir telle ou telle personne, il faut visiter tel ou tel site, il faut faire x heures de sport,… Non pas que tout ceci soit à proscrire, mais s’en faire une obligation revient à en faire une source de stress qui pourrait en altérer les bienfaits.

Et si nous prenions le temps de ne pas être esclaves du temps ? Et si nous renoncions à nous mettre des objectifs, pour accueillir ce qui vient, ce qui se présente à nous ? Et si nous renouions avec la contemplation, la prière, la paix du cœur, la rencontre gratuite, le jeu, le rire pour rien, sans se faire de tout ceci une obligation de plus bien sûr ?! Sacraliser ce temps, c’est peut-être tout simplement se laisser le droit de le vivre en Dieu, c’est-à-dire le vivre gratuitement, en savourant ce qui nous est donné. Et si nous laissions la vie de Dieu habiter ce temps, habiter chacun de ses instants ?

Bon été à tous !

Le mot du président

Suite à un vœu adopté au synode national de mai 2022, concernant les situations de harcèlement qui touchent les ministres et membres de notre Église, le Conseil national s’est engagé dans la réflexion pour lutter contre les atteintes aux personnes au sein de l’Église. C’est ainsi que nous avons reçu en avril dernier une affiche et une brochure de prévention contre les situations de harcèlement, discrimination, abus de pouvoir ou violence.

On aurait pu espérer qu’une telle démarche de prévention serait inutile dans nos communautés où l’on professe s’aimer les uns les autres, comme le Seigneur nous a aimés (et on voudrait certainement s’en convaincre). Mais la vérité c’est que, tout disciples du Christ que nous sommes, nous n’en sommes pas moins de ce monde et nos communautés ne sont pas à l’abri de comportements parfois déplacés, voire inacceptables. Dans sa prédication du 18 juin dernier, portant sur Mt 9,35-10,1, notre pasteure l’exprimait ainsi : « Les maux de notre société se retrouvent souvent au sein même de nos églises, de nos communautés : tentation du pouvoir, individualisme, manque de respect du prochain, violence verbale. » Développant son propos, elle nous invitait à « [nous] interroger sur ces éléments susceptibles de nous éloigner d’une posture de bon berger. »

Car c’est bien là l’enjeu de cette campagne de prévention initiée par le Conseil national. Il ne s’agit pas tant d’aller chercher qui, dans telle ou telle communauté, doit être pointé du doigt pour un éventuel comportement inapproprié, délictueux ou criminel, mais d’aider l’ensemble des membres de la communauté à adopter une conduite de bon berger dans l’éventualité où ils seraient confrontés à de telles situations. Les aider à passer d’une posture de banalisation vis à vis de l’auteur de comportements déplacés (« c’est son caractère, il/elle a toujours été comme cela »), à une posture de bon berger vis à vis de la personne visée par le comportement inapproprié. C’est formulé ainsi dans la brochure : « Quand je suis témoin d’un comportement inapproprié, dans l’instant où cela a lieu, j’ose dire à la personne que ce n’est pas acceptable. »

Fort heureusement, notre communauté de Roanne, à ma connaissance, est épargnée des formes les plus graves que peuvent prendre les atteintes aux personnes. Mais qu’en est-il des formes moins évidentes de harcèlement ou violence envers notre prochain, « ces individualismes qui confondent débat et foire d’empoigne, insulte blessante et affirmation de soi, liberté d’expression et provocation gratuite », pour reprendre les termes de notre pasteure ?

Pour conclure, je voudrais rendre grâce à notre Église pour cette campagne de prévention et à notre pasteure pour sa prédication sur « les foules […] harassées et prostrées comme des brebis qui n’ont pas de berger ». Nous pouvons nous sentir dérangés ou bousculés par ces mises en garde, mais c’est nécessaire pour que nous arrivions à mieux veiller les uns sur les autres, en toutes circonstances.

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